vendredi 2 décembre 2011

Entretien avec Judith B. Glidja, agrégée en sciences de gestion « Nous aiderons l’Etat à relever les grands défis…»


C’est au lendemain de l’audience accordée par le chef de l’Etat aux cinq nouveaux agrégés béninois du 15ème Concours d’agrégation du Cames, que nous avons rencontré le professeur Judith Glidja. La nouvelle agrégée en sciences de gestion de l’Université d’Abomey-Calavi se confond en remerciements et s’engage à apporter sa pierre à l’édification d’un Bénin prospère.


« C’est un sentiment de joie et de reconnaissance qui m’anime au lendemain de ce 15ème Concours d’agrégation du Cames… », a déclaré la première femme en Afrique de l’ouest et la seconde en Afrique francophone à faire son entrée remarquable dans le cercle restreint des professeurs agrégés en sciences de gestion. L’universitaire Judith Glidja remercie l’Eternel Dieu tout puissant, ses parents, amis et ses frères et sœurs de l’Eglise catholique dont les prières l’ont accompagnée tout au long de sa préparation à ce concours. « Je n’oublierai pas le peuple béninois dans son ensemble, car l’argent du contribuable a été décaissé en vue de nous aider pour le voyage, notre hébergement, notre restauration et la quote-part que le Bénin verse au Cames dans le cadre de l’organisation d’un pareil concours», a souligné Judith Glidja qui décerne une fière chandelle au professeur Fulbert Amoussouga-Géro, son maître et devancier, qui n’a ménagé aucun effort pour l’accompagner et la conseiller. Elle remercie aussi les autorités béninoises du monde universitaire et le président de la République.


De sa contribution à l’émergence du Bénin…


La nouvelle agrégée en sciences de gestion ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Elle pense que c’est maintenant que commence le grand travail. Judith Glidja entend apporter sa pierre à l’œuvre de construction du Bénin, sur le plan économique surtout. « Nous allons aider à la réflexion et nous apporterons notre expertise à la gestion des affaires économiques» a précisé le professeur Glidja, pour qui beaucoup d’entreprises se créent et ont besoin de l’apport des sciences de gestion qui sont en fait les sciences des choix et des options. Tout ceci, confie-t-elle, est basée avant tout, sur la formation des étudiants dans les amphithéâtres, une formation de qualité. Le professeur Glidja s’inscrit dans la vision du chef de l’Etat qui l’a reçue en audience avec ses collègues agrégés du concours du Cames 2011.
Pour Boni Yayi, les nouveaux agrégés devront transmettre à la jeunesse les valeurs qui leur ont permis d’atteindre leur niveau actuel et servir d’exemples. Des exemples que doivent suivre et copier les jeunes. Judith Glidja pense accomplir ce devoir que leur confie le premier magistrat et se dit prête à servir son pays, surtout que Boni Yayi entend « solliciter leur expertise dans leurs domaines de compétence pour l’avancement du pays ».


Rassurer les étudiants


« Bien avant mon agrégation, je m’évertuais à inculquer à mes étudiants le savoir-faire et le savoir-être, des qualités essentielles recherchées en sciences de gestion», a rappelé Judith Glidja qui demande à ses étudiants d’être rassurés. Elle assure vouloir continuer de leur inculquer le savoir nécessaire pour qu’ils acquièrent une formation de qualité et digne du nom. Refusant de s’inscrire sur la liste de ceux qui n’ont pas intérêt à voir beaucoup d’étudiants réussir en fin d’année académique, elle assure que son objectif est de faire de ses étudiants, des cadres bien formés. « Mes étudiants me connaissent bien, allez leur demander », confie Judith Glidja, qui émet le vœu de voir sortir des rangs de ses étudiants de nombreux docteurs et agrégés qui devront se mettre au service du pays.

Yves-Patrick LOKO

mardi 29 novembre 2011

Deux ans après l’appel du Président Chirac : « La pharmacie de la mort » refuse de raccrocher


L'ancien président français Jacques Chirac a lancé le lundi 12 octobre 2009 au Bénin, «l'appel de Cotonou», prélude à une campagne de mobilisation contre les médicaments falsifiés, qui font chaque année des dizaines de milliers de morts. L'appel vise à inciter des responsables politiques du monde entier à se mobiliser contre ce trafic, qui, selon l'Organisation mondiale de la santé (Oms), correspondrait à 10 % du marché pharmaceutique mondial.
Deux ans après ce cri de cœur du président Chirac, le constat est que le ver est toujours dans le fruit. On se demande bien ce à quoi a servi, cette rencontre de Cotonou, en présence de nombreux chefs d’Etats africains.



Le médicament de la rue continue de dicter sa loi. C’est un secret de polichinelle. Un tour au marché Dantokpa, et dans le secteur d’Adjégounlè et le constat est sans appel. Des « pharmaciens » de fortune, proposent à tout venant des médicaments dont ils sont même capables de donner le mode d’emploi.
Léon D. est un conducteur de taxi-moto dans la ville de Cotonou. Ce mardi 22 novembre 2011, sa femme hospitalisée dans un centre de santé doit se soigner avec certains médicaments pour se rétablir et continuer de vaquer à ses activités. C’est sans trop réfléchir que le nommé Léon D. s’est orienté vers cette « pharmacie de la mort » sise en plein cœur du marché international de Dantokpa, pour se procurer des médicaments prescrits par le médecin. Adjégounlè, le marché de vente de médicaments illicites, détournés ou fabriqués dans de conditions douteuses au Nigeria ou en Chine, n’est pas le seul lieu d’approvisionnement en médicaments de rue. Sa célébrité réside dans le fait qu’il est le plus important de Cotonou, voire du Bénin.
Le manque de moyens dans le cas du conducteur de taxi-moto, n’explique pas cependant l’inexplicable qui est de ne pas se référer à une pharmacie digne du nom. David Djanta, médecin et responsable de la clinique Don divin affirme qu’«on peut avoir les moyens et ne pas être ignorant et s’approvisionner quand même en médicaments de rue » Pour ce médecin, c’est d’une affaire de culture qu’il s’agit. Il n’est pas rare explique t-il, de voir des « personnes lettrées qui préfèrent la pharmacie de rue à une vraie pharmacie, tout en contournant les vrais prescripteurs » En choisissant les médicaments de rue, nombreux sont en effet ceux qui sous-estiment le rôle du médecin et ne connaissent pas l’utilité d’une consultation médicale.

Un vrai désastre…

A en croire les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) près de 200.000 vies, pourraient être sauvées chaque année s'il n'y avait pas de faux médicaments. Des chiffres révèlent que 300 personnes sont mortes au Panama en 2006 à la suite de l'utilisation d'un excipient contrefait ; près de 100 bébés décédés au Nigeria en 2008, après avoir absorbé du faux sirop de paracétamol ; près de 30 % à 70 % des antipaludiques en circulation en Afrique sont de faux médicaments, totalement ou partiellement. Ces données démontrent sans difficulté combien le médicament de rue est un danger pour l’humanité. Les méfaits de la « pharmacie de la mort » sont en effet très importants. Une pharmacienne requérant l’anonymat affirme que « le non-respect des normes de production et de conservation est l’une des causes, dans les méfaits des médicaments de rue » En raison de l’automédication et du non-professionnalisme des vendeurs de ces médicaments, la posologie, les règles hygiéniques et la dénaturalisation des produits entraînent de fâcheuses conséquences qui ont des répercussions sur la santé. Risque de germes résistants dans le cas des antibiotiques, insuffisance rénale, atteinte hépatique, destruction des organes nobles, constituent l’essentiel des désagréments des médicaments de rue.

Le trafic qui fait l’affaire des riches

Des personnes insoupçonnées très riches pour la plupart ont intérêt à ce que le commerce illicite des médicaments connaisse des jours heureux au détriment des consommateurs qui ruinent à petit coup leur santé et glissent inexorablement vers la mort. Selon la pharmacienne qui requiert l’anonymat en raison « du traitement que fait la presse du dossier Ubipharm… », « …des hommes politiques proches ou non du pouvoir, des commerçants proches des milieux politiques et de puissants lobbies s’activent à ce que ne meurt jamais le médicament de rue » A l’en croire, « même des personnes appartenant au corps médical, contribuent au maintien du marché noir des médicaments » Des produits moins chers sont en effet achetés auprès de la Centrale d’achat des médicaments essentiels (Came) et reversés sur le marché des médicaments de la rue. On n’oubliera certainement pas que des médicaments subventionnés dans les centres de santé sont achetés à moindre coût pour remplir les étalages d’Adjégounlè et autres marchés où prospère la « pharmacie de la mort »
Le commerce illicite du médicament de rue n’est donc pas prêt à s’arrêter en si bon chemin. Il continue de s’animer, de faire la joie de ses acteurs et se moque royalement de l’appel du président Chirac. Car, depuis octobre 2009, rien ne change et tout se passe comme pour apporter de l’eau au moulin des détracteurs de la rencontre qui pensent à tort ou à raison que « Chirac est venu à Cotonou, deux ans après son départ de l’Elysée pour revoir peut-être pour une dernière fois, ses bons élèves de la Françafrique ». Pour le médecin David Djanta, « il n’avait pas besoin de venir lancer un appel. Le gouvernement est conscient du problème ». C’est dire qu’un travail aurait dû être fait à l’interne, car le problème du marché noir des médicaments date depuis des années. Les résolutions de la fameuse rencontre de Cotonou dorment peut-être dans les tiroirs poussiéreux pendant que le mal persiste. Les gros perdants sont les pharmaciens qui s’endettent pour installer leur officine et les populations abonnées à ses médicaments qui ruinent leur santé. Pendant ce temps, les vendeurs et acteurs de la filière jubilent et applaudissent à grands cris l’inaction observée dans la lutte contre le médicament de rue.
Jacques Chirac aura donc beau lancer son « appel », aucune avancée n’est observée, du moins pour l’instant.

Yves-Patrick LOKO

15ème Concours d’agrégation du Cames : La béninoise Judith Glidja admise (Elle devient la première ouest-africaine agrégée en Science de gestion)



Le 15ème concours d’agrégation du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) a connu son épilogue en début de semaine, avec l’admission de la béninoise Judith B. Glidja.



Une première en Afrique de l’ouest et une seconde en Afrique francophone. Judith Monique Baï Glidja, enseignante à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) vient de faire son entrée remarquable dans le cercle restreint des agrégés en science de gestion. Avec cette admission, elle est devenue, non seulement la première en Afrique de l'Ouest, mais aussi la deuxième dans toute l’Afrique francophone après une autre femme d’origine camerounaise.
C’est la ville d’Abidjan en Côte d’ivoire qui a abrité cette édition 2011 du concours d’agrégation en sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion. Judith Monique Baï Glidja, la nouvelle agrégée en sciences de gestion, est issue de la première promotion des docteurs en sciences de gestion formée à l’université d’Abomey-Calavi. Elle était en lice pour ce concours d’agrégation avec cinq autres postulants, dont son compatriote Cossi Emmanuel Hounkou, avec qui elle a d’ailleurs obtenu le doctorat.

Yves-Patrick LOKO